vendredi 13 novembre 2009

Le travail c'est la santé !



Quand on voyage il y a ces jours de "grande excitation", ces jours où tout se déroule comme du papier a musique, où on découvre des choses incroyables, admire des paysages improbables, rencontre des personnes intéressantes avec qui le courant passe instantanément, où on vit des moments extra-ordinaires dont on espère se rappeler toute la vie... des jours où on se sent en phase avec le monde et qui donnent un sens a notre voyage.
Ces jours là sont, heureusement, les plus nombreux...

Mais il y a aussi des jours où l'on oublie pourquoi on est là... Des jours où on est sale, fatigué, frustré par la barrière de la langue.. où on en a marre de défaire et refaire son sac pour la énième fois, où rien ne se déroule facilement, où il ne fait pas beau et où on ne trouve rien à faire d'intéressant, d'excitant... ou en tout cas pas assez intéressant à nos yeux blasés de voyageur...
des jours où la seule chose à laquelle on pense est une maison chauffée, un lit douillet, une douche chaude et le réconfort de personnes familières...

Voilà pourquoi, après 10 mois sur les routes du monde, j'ai décidé de faire un "break" et d'accepter un travail.
A moi les joies des contraintes, des horaires, du réveil-matin et des corvées !
A moi surtout le sentiment qui me manquait depuis quelques temps et que j'ai mis du temps à identifier: le fait de se sentir "utile", ou, dit plus simplement, de "servir à quelque-chose" !


C'est dans un des nombreux Hostels (= auberge de jeunesse/bed & breakfast) où j'ai résidé ces derniers temps que j'ai trouvé le cocon que je cherchais. Valeria et Ivan, jeune couple de Chiliens débordé depuis la naissance de leur petit garçon, m'ont proposé de rester et de les aider à gérer l'Hostel. Mon sang n'a fait qu'un tour.

En gros, ce que je fais? bof, pas grand chose ;-)
Disons que je suis le "responsable communication" :
  • j'ouvre la porte quand la sonnette retentit;
  • je fais les visites: 4 chambres, y'a du boulot;
  • je fais les traductions instantanées espagnol-anglais et anglais-espagnol;
  • j'écoute patiemment et tout le jour-durant les histoires de la femme de ménage-cuisinière-garde BB que je ne comprends toujours pas;
  • je gère le parc de PC: 1 ordi portable;
  • j'aide à servir les petits-dej;
  • je cuisine et je fais du pain Français !
Voilà ce que je cherchais.

Je recharge mes batteries dans un cadre "fixe", avec des repères et des têtes auxquelles je vais avoir le temps de m'habituer... et je continue à rencontrer de nouvelles personnes tous les jours, à utiliser l'espagnol et l'anglais et à avoir du temps libre pour visiter, tisser des liens avec les locaux et, bien sûr, escalader.

Une fois de plus tout s'est bien enchainé.


Vue sur la rade de Valparaíso depuis une des chambres




Samuel et Iván


Iván, Samuel et Valeria


Face à l'hostel (façade vert olive) et au petit marché ambulant de fruits & légumes


Dos à l'hostel




mardi 3 novembre 2009

Et pendant ce temps-la, a l´autre bout du monde...

Ces derniers temps, chaque fois que je consulte mes mails je tombe à la renverse face à une grande nouvelle...

Certains trouvent l'Amour,
d'autres l'ont trouvé et vont se marier,
d'autres encore reçoivent des cadeaux de cigognes inattendus...

Certains couples se défont,
d'autres décident de tout plaquer et de partir en voyage (c'est surfait soit dit en passant)
d'autres au contraire vont rentrer plus tôt que prévu...

Ce qui m'amène à une conclusion très profonde:

PENDANT QUE JE FAIS LE TOUR DU MONDE, LE MONDE CONTINUE DE TOURNER

Et aussi à me poser des questions, non moins profondes:

ET MOI DANS TOUT ÇA HEIN? QU'EST-CE QUE JE CONSTRUIS? EST-CE QUE JE FAIS AVANCER LE SCHMILBLIK ?

Et bien la réponse est oui ! Enfin je sais pas si je suis d'une grande utilité au niveau de l´humanité, m'enfin au niveau de MON humanité oui, j'avance, je grandis.

La preuve, je suis maintenant capable de:
  • Me confectionner un petit espace privé et douillet dans un dortoir de 22 personnes;
  • Me sentir à l'aise dans des WC publics et partager ma douche avec 15 personnes et 45 cafards;
  • Faire un trajet de 24H de bus "frigorifique", dormir dans une station de trains ou sur le banc d'un parc public, en me nourrissant de biscuits secs et en ayant l'air frais le lendemain;
  • Visiter une ville au pas de course sous un soleil de plomb et 30°C de pollution sans sourciller;
  • Faire abstraction des regards appuyés et du fait que je suis souvent considéré comme un distributeur de billets mobile;
  • Partager la moitié de mon siège avec une poule et l'espace pour mes jambes avec deux chiens, et considérer que c'est logique, ça évite l'espace perdu;
  • Faire une vaisselle complète avec 4cl d´eau en moins de 1 mn 30;
  • Me laver avec une douche solaire pendue à un arbre, au milieu du désert Australien en pleine tempête de sable, et avoir l'impression d'être propre;
  • Réparer avec du chaterton le radiateur de mon van qui doit encore tenir 250 km jusqu'à la prochaine ville;
  • Faire un feu avec du bois trempé par 2 semaines de pluie non-stop;
  • Déguster une soupe de nouilles accroupis sur un tabouret haut de 10 cm au milieu d'un marché d'environ 1 million de personnes;
  • Ouvrir en tête une voie d'escalade après une heure de marche dans la jungle, sentir une énorme araignée sur mon épaule et rester concentré;
  • Me brosser les dents sans eau;
  • Ne pas prendre de douche pendant... longtemps;
  • Tailler un bout de bois pendant 7H, mal installé dans une pirogue avec des gens qui ne parlent pas ma langue;
  • Courir à moitié nu après un singe qui m'a volé ma trousse de toilette;
  • Négocier 15 minutes et baisser le prix de 2,3 à 1,95 Euros;
  • Marcher 40 km en deux jours, faire croire aux filles qui m'accompagnent que je n'ai pas d'ampoules sous les pieds et retenir mes larmes et mes cris jusqu'à ce que je sois seul;
  • Cuisiner des plats tellement épicés que rien que de les sentir ça vous donne les larmes aux yeux et faire croire aux amis que c'est normal, si si, c'est la vraie recette;
  • Essayer d'expliquer en anglais le résultat du referendum 2005 sur la constitution Européenne ou encore de disserter sur la politique de notre Président face à un auditoire 100% anglophone;
  • Faire pareil en espagnol et espérer être convaincant;
  • Comprendre que certaines personnes pensent qu'en France l'eau du robinet n'est pas potable et que les piqures de serpents mortels sont monnaie courante;
  • Écouter patiemment un couple de retraités m'expliquer ce que sont ces gros rouleaux dans le champ au milieu des vaches (le foin), ou le concept de la boite automatique (qu'on a pas encore sur nos 2CV)... "et des McDonalds vous devez commencer à en avoir dans les grandes villes, non?" ...
  • Avoir l'air super-intéressé pendant 25 minutes par les histoires de la vieille dame qui doit nous laisser passer par son champ pour aller grimper, s'entendre dire par son partenaire "oups, désolé, je me suis trompé, c'était pas ce portail là mais celui d'à côté", rester souriant et attendre quand même la fin de l´histoire;
  • Jouer aux cartes une partie de la nuit avec un homme dont je ne parle pas la langue, ne jamais comprendre les règles et avoir le sentiment d'avoir passer une bonne soirée quand même;
  • Enseigner "Pierre-Feuille-Ciseaux" à des enfants dont je ne parle pas la langue non plus et les regarder ensuite s'amuser et adapter le jeu à leurs coutumes;
  • Assister pendant 2H30, assis en tailleur, à une cérémonie religieuse qui devait durer "20/25 mn max", et repartir serein;
  • Essayer d'entretenir une conversation de "haut niveau" avec un moine Bouddhiste, finir par se sentir à l'aise et bêtement proposer un chewing-gum pour faire copain-copain... "nous n'avons pas droit à ce genre de choses". Oups.
  • Parcourir quelques milliers de kms en empruntant un avion, un train, un bus, un 4x4, un bateau-pirogue et 2 tuk-tuk sans jamais rater aucune correspondance ni être en retard a l'arrivée;
  • Me faire arrêter par un policier pour non port de la ceinture de sécurité sur une ile quasi-déserte (!) et feindre de ne pas parler un mot d'anglais;
  • Écouter quelqu'un qui n'a vraiment pas l'air intéressant, et finalement apprendre quelque chose;
  • Et, surtout, me rappeler qu'il vaut mieux se taire et risquer de passer pour un idiot, que de l'ouvrir et ne laisser aucun doute à ce sujet !

Fabien

P.S: les photos du Chili sont dans le post "Après le calme la tempête". Pour y accéder cliquez sur octobre dans Archives du blog en haut a droite de cette page.